Vercors – DRES Dry Rando Escalade Spéléo

Avec Aline, Jeanne, Aline, Angélique, Christal, Senda, Jennifer, Morgan, Henri, Kévin, Vivien, Camille, Jean-Philippe, Fabien, Léo, Philippe, Romain, Claude, Jean-François et François.

Camp été Comité départemental FFCAM des Pyrénées-Orientales

Jour 1 – lundi 4 août

Départ de Cases-de-Pène. Direction, Méaudre dans le Vercors. Première mission (et pas la plus facile) : réussir à tout caser dans la voiture. Matos, glacière, tentes, table, chaises, valises… ? OK. Une belle partie de Tetris grandeur nature. Le coffre est plein à craquer, les sièges arrière ressemblent à un entrepôt mobile… et le passager arrière a gagné un passager inattendu : la bassine de François coincée entre le plafond et sa tête. Direction Méaudre, le moral est haut et les suspensions… un peu moins.

Installation du camp au camping Les Buissonnets.

Jours 2 et 3 – mardi 5 et mercredi 6 août cavité Gampaloup

Mardi – Mission Équipement
Équipe du jour : Aimilia, Jean-François et François. On choisit de partir du col : plus long, certes… mais moins raide. Enfin, “moins raide” reste un concept relatif quand on porte des kits bien remplis. Après une marche ponctuée de “C’est par là ?” et de “C’est le cinquième ou le sixième ce talweg ?”, on finit par tomber sur l’entrée de la cavité. Elle, en revanche, n’avait pas l’air pressée qu’on la trouve.

Mercredi – La double team
Pour éviter de se marcher dessus sous terre, on divise la troupe : deux groupes. Le premier déroule tranquille, façon autoroute souterraine. Le second… disons que le mot “rouler” ne faisait pas partie du vocabulaire du jour. À un moment, François rattrappe le premier groupe. Mais où est donc passer la septième compagnie ?

Spéléo ou canyonning ? Le gouffre du Gampaloup est une cavité située dans la combe de Granpaloup, sur la commune d’Autrans-Méaudre en Vercors. Le gouffre du Gampaloup est exploré par la section grenobloise du Club alpin français SGCAF, entre 1999 et 2001. Le Gampaloup se développe dans les calcaires sénoniens. Il suit cette couche de calcaire dont le pendage est assez fort en direction de l’ouest sans jamais atteindre les calcaires urgoniens. La résurgence de l’actif du Gampaloup est vraisemblablement l’exsurgence de Goule Noire, qui draine la majeure partie du synclinal d’Autrans-Méaudre. Enchaînement de petits puits, salle Gampaloup, le grand rappel, petit canyon, remontée par un enchaînement de puits.

Jour 4 – jeudi 7 août cavité Gournier

La rivière de Gournier affiche un dénivelé positif de 680m et totalise plus de 8km de galeries. La grotte renferme l’une des plus belles rivières souterraines des Alpes. Son entrée est constituée par un magnifique lac souterrain qu’il faut traverser en canot. Ensuite, une progression dans une vaste galerie donne accès la rivière, véritable canyon souterrain avec des eaux limpides s’écoulant sur des dépôts de calcite blanche. Les 800 premiers mètres se parcourent dans une vaste galerie de 10 mètres de diamètre jusqu’au second accès à la rivière qui coule quelques mètres sous la galerie fossile. On enfile les combinaisons néoprène et pousse l’exploration jusqu’à la salle Chevalier.

topo grotte de Gournier

Jour 5 – vendredi 8 août glandouille le matin, escalade l’après-midi

Belle découverte d’un secteur à l’ombre l’après-midi, le vallon de la Fauge.

Jour 6 – samedi 9 août scialet réseau des Chuats 2 / chapelle sixtine

Tout est là : interclub des Chuats. Classe !

Jour 7 – dimanche 10 août rangement + faire les boutiques

Un petit tour chez la Cordo d’en haut à trois cents mètres du camping.

Jour 8 – lundi 11 août retour

Peit détour par Die.

Et pendant ce temps, les anti-nyctalopes vadrouillent en montagne à la verticale ou à l’horizontale.

La poubelle jaune : le couteau suisse du spéléo !

Au-delà des journées merveilleuses qui emplissent nos souvenirs de paysages grandioses et d’aventures exaltantes, se cache un trésor plus discret, mais infiniment plus précieux : les rencontres. Ces regards échangés, ces voix qui résonnent encore longtemps dans nos mémoires, ces complicités nées d’un simple échange, d’un sourire ou d’un silence partagé. Les sentiers que nous arpentons finissent toujours par s’effacer, rongés par le temps, mais les âmes croisées sur notre chemin continuent de voyager avec nous, gravées au plus profond de notre être.

Alors, pourquoi gravissons-nous les montagnes ? Est-ce simplement parce qu’elles sont là ? Ou parce qu’au sommet, au-delà du vertige et de l’effort, c’est aussi à nous-mêmes que nous faisons la rencontre — celle de notre force, de nos limites repoussées, et de cette humanité partagée, invisible mais palpable, qui donne tout son sens au voyage.

La joie de vivre !

!!! Vivement la prochaine virée !!!

Un grand merci pour l’accueil dans la vallée, pour le camping Les Buissonnets, pour la boulangerie Bucci, pour Croque-Montagne et La cordo d’en haut.

Camping Les Buissonnets

La Boulangerie Pâtisserie Bucci

Croque-Montagne

La Cordo d’en haut

Galamus intégral – Préhistoteens

Avec Khélya, Marie, Noah et François.

Petite virée locale avec les lycéens du club. Manque Arthur pas disponible qui charbonne en boulot d’été. Il est loin le temps où tout petit on devait encore leur faire leurs lacets. Le temps passe. Ils grandissent bien ces petits. Fier de vous, bravo !!!

Nous choisissons de pique-niquer à l’entrée du canyon en laissant passer les dernières groupes du matin. Nous démarrons à l’arrivée du premier groupe de l’après-midi. Bonne pioche. Sensation d’être seuls dans le canyon en cette fin du mois de juillet.

Cela fait 19 ans (21 juillet 2006) que je n’avais pas parcouru l’intégrale. De souvenirs, il n’était pas nécessaire de la corde dans la deuxième partie mais pas sûr. L’obstacle de 5 mètres maintenant équipé (2 broches avec manque de colle, la supérieure collée à l’envers… no comment) se shunte par la droite, soit dans le bartasse sur la paroi rive droite, soit désescalade/escalade scabreuse toujours à droite pour rejoindre la cheminée de la paroi de droite.

Héritage Ouvreurs FFCAM

Avec Angélique, Nathan, Kévin, Romain, Matthias et François.

C’est quoi les stages « Héritage ouvreurs » ?

Une formation (non qualifiante) dont le but principal est de sensibiliser les pratiquants à la nécessité d’entretenir les itinéraires d’escalade de plusieurs longueurs. L’objectif de ces formations est de diffuser les clés techniques et culturelles afin de mettre en place un réseau de militants œuvrant avec passion pour préserver le patrimoine immense et très riche des grandes voies d’escalade et d’alpinisme.

Objectifs

Accompagner l’inscription de l’alpinisme au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO et donc travailler sur une des mesures de sauvegarde prioritaire « Transmettre des savoir-faire et un héritage en matière d’alpinisme aux nouvelles générations ».
Contribuer modestement à l’entretien et à l’évolution des grandes voies en lien avec les territoires et les acteurs de la montagne.
Créer une communauté de militants pour qu’ils puissent participer localement à l’entretien et à l’évolution des grandes voies d’alpinisme et d’escalade.

Déroulement de l’action

Journée de pré-stage 13 juillet 2025

Présentation de l’objectif, du matériel à mettre en place, organisation du weekend, vérification du matériel, rappel des techniques et règles de sécurité, mise en œuvre/apprentissage de la pose de Spits, de scellements secs et humides.

Stage 25, 26 et 27 juillet 2025

Jour 1
Mise en place des cordes statiques, pose des relais et de fractionnements, purge.
Jour 2
Purge, repérage de l’implantation des amarrages, pose des points.
Jour 3
Pose des points.

Journée post-stage 28 juillet 2025

Parcours de la voie

Choix de la voie

Lieu
Vingrau – Secteur Petit Dru (face nord)

Voie
Le silence est d’or – 75 m, 3 longueurs, cotation 6a+

État actuel
Itinéraire exposé, abandonné et impraticable. Amarrages (pitons, sangles) défaillants. Rochers instables. Végétation envahissante au pied de la voie et sur les terrasses des relais.

Motivations du choix
Intérêt esthétique de la ligne, voie oubliée, poursuite de l’action de réhabilitation des voies d’escalade de Vingrau.

Propriétaire
Commune de Vingrau – René Bergeron, adjoint, favorable au projet. Pas de zone de protection.

Projet de rééquipement :
Rééquipement prévu par le haut, en mode sportif, avec goujons/plaquettes inox 316L, diamètre 12 mm.

Historique :
Ouvreurs inconnus malgré recherches.
Suite à cette redécouverte, peut-être nous découvrirons ces derniers ?

À la suite de mon accident en cascade de glace à Noël 2020, il m’a été impossible de grimper sérieusement. Ce contretemps m’a toutefois libéré du temps, que j’ai mis à profit, avec Nicolas Massé, pour mettre à jour un topo resté indisponible depuis plus de quinze ans. J’en ai également profité pour lancer, avec une bande de copains, la réhabilitation de plusieurs grandes voies d’escalade et l’équipement de nouvelles. Au fil du temps et de mes rencontres, et en tant qu’élu de la commune limitrophe de Tautavel, j’ai tissé des liens avec les élus locaux de Vingrau, notamment Philippe Camp (maire) et René Bergeron (adjoint). Tous deux sont favorables à la pratique de l’escalade et conscients de son impact économique sur le territoire. L’exemple le plus marquant reste l’interdiction de la Route de la Grimpe le 3 août 2011. Les hébergeurs locaux avaient alors enregistré une baisse de 20 % de leur chiffre d’affaires et le camping avait dû fermer. Aujourd’hui, l’activité connaît un regain : le camping est de nouveau ouvert, deux exemplaires du topo d’escalade de Tautavel se vendent chaque jour… Cependant, Philippe Camp reste prudent quant à la promotion de l’escalade à Vingrau, échaudé par l’accident survenu en 2020 et ses suites judiciaires. En effet, la FFME avait été poursuivie par la victime, puis s’était retournée contre la commune de Vingrau, entraînant un long contentieux qui a mobilisé les élus pendant sept ans avant un verdict favorable à la commune.

Résumé des procédures judiciaires
Demande de dédommagement à la FFME par la victime de l’accident de 2020
14 avril 2016 – TGI Toulouse : condamnation de la FFME
21 janvier 2019 – CAA Toulouse : confirmation de la condamnation de la FFME
Demande de dédommagement à la commune de Vingrau par la FFME
9 janvier 2014 (dossier n°13/02646) – TGI Toulouse : incompétence déclarée, renvoi devant le Tribunal Administratif
15 décembre 2016 (jugement n°1502147) – TA Montpellier : rejet de la demande de condamnation de la commune
9 octobre 2017 (jugement n°17MA00606) – CAA Marseille : confirmation du rejet

Passant alors beaucoup de temps sur les falaises de Vingrau, Philippe et Bergeron, sur un ton humoristique, m’ont même proposé de me « faire un bail » au refuge. Mon regard se portait souvent vers la partie gauche de la face nord du Petit Dru, un secteur très peu fréquenté. Malgré toutes les journées glanées là-bas, je n’y ai jamais vu personne gravir Le silence est d’or. Lors du rééquipement, j’ai eu la surprise de retrouver ce qui semblait être l’un de mes vieux ficélous couplé à un maillon rapide, probablement laissé lors d’un passage en 1994 avec Sylvain Debove. Depuis, je me demande encore si d’autres cordées ont parcouru cette voie. De là, le projet de réhabiliter ce parcours m’a trotté dans la tête. Bruno Colla qui a réalisé le deuxième topo en 1997 (le premier étant de Jean Gaillarde) mentionnait dans ce dernier : « Itinéraire qui devrait être rééquipé et nettoyé d’ici peu ». L’idée de cette réhabilitation n’est donc pas nouvelle. Projet réalisé avec cette action.

Retour d’expérience / Temps forts / Réflexions

Journée de pré-stage 13 juillet 2025

Lors de la journée de préparation précédant le stage, seul un stagiaire, Romain, a pu se rendre disponible. Romain, étant cordiste de métier, maîtrise bien les bases des déplacements sur corde, ce qui a permis de faire un rappel succinct de ces techniques. Cette journée a été l’occasion de présenter les objectifs du stage et le programme du week-end, vérifier l’intégralité du matériel, rappeler les techniques et règles de sécurité, initier la mise en œuvre et l’apprentissage de la pose des scellements secs et humides. Il me tenait particulièrement à cœur de débuter ces journées par la pose de Spits (chevilles auto-forantes), pour en souligner l’importance historique dans l’équipement des voies. Sur les falaises, notamment à Vingrau, de jeunes grimpeurs sont parfois surpris par l’éloignement entre les points que l’on rencontre encore sur de nombreuses lignes. Ce choix d’équipement s’explique par les pratiques de l’époque. Les premières voies équipées avec ce type d’amarrage étaient ouvertes du bas. Le matériel étaient financé par les ouvreurs eux-mêmes. La pose était longue, physique et exigeante. Ce qui conduisait à protéger uniquement les passages où une chute présentait un réel danger. Les sections faciles, elles, restaient généralement non protégées. La voie Le silence est d’or illustre parfaitement cette approche. La démonstration pratique de la pose de Spits permet donc de mieux comprendre les choix des ouvreurs de l’époque, sans qu’il soit nécessaire d’ajouter de longues explications.

Matériel en l’état dans la voie :
L1 >> 1 cade assez haut, 2 pitons, 2 cades, 1 lunule, 2 pitons, 1 cade, relais sur cade.
L2 >> 2 pitons, puis jardin ascendant terreux sur cades (les anciens passés juste à gauche, évitant le franchissement du toit), relais sur cade
L3 >> 2 cades, 1 piton, 2 cades, 1 piton, relais sur mono-point (1 Spit laissé en place pour relique)

Stage 25, 26 et 27 juillet 2025

Il serait difficile de restituer l’ensemble des points abordés tant les journées ont été denses et intenses. Ce type de stage repose avant tout sur la pratique sur le terrain. La théorie seule ne saurait suffire. Je retiendrai néanmoins quelques éléments particulièrement marquants.

1. Conditions météorologiques
Le choix d’une face nord-ouest pour ce stage s’est avéré judicieux, compte tenu de ma disponibilité limitée à la période estivale. Le soleil n’atteint la paroi qu’en milieu d’après-midi, permettant de travailler dans de bonnes conditions. Je craignais la chaleur, mais celle-ci n’a pas été problématique. Les températures sont restées fraîches pour la saison. En revanche, la Tramontane a soufflé de manière soutenue et intense tout au long des journées, rendant les conditions de travail particulièrement exigeantes.

2. Compétences et engagement des stagiaires
Le groupe était composé de quatre stagiaires expérimentés : deux cordistes et alpinistes, un aspirant moniteur d’escalade et une grimpeuse pratiquant également l’alpinisme. Leurs expériences préalables ont permis de se concentrer directement sur les techniques d’équipement, sans avoir besoin d’enseigner les bases des déplacements sur corde. Les stagiaires ont travaillé par binôme. Ils ont fait preuve d’un engagement remarquable, d’une grande rigueur et d’une solide condition physique, indispensables pour ce type de stage : transport de matériel lourd lors de la marche d’approche d’une heure, travail en suspension de nombreuses heures dans un harnais, conditions météos difficiles… Leurs compétences et leur motivation ont été des atouts majeurs pour l’efficacité et la sécurité des travaux sur le terrain, contribuant au bon déroulement du stage et à l’atteinte des objectifs pédagogiques.

Mille mercis à Matthias qui a capturé les images de notre aventure en plus de faire le Sherpa. Gros big up !!!

3. Inquiétudes et gestion des risques
Deux points principaux suscitaient des inquiétudes pour moi : les déplacements sur corde et la purge afin d’éviter la chute de rochers sur les grimpeurs situés en dessous. Le premier point n’a posé aucun problème. Tous les stagiaires maîtrisant déjà ces techniques. Concernant le second point, j’avais initialement prévu de travailler dans une voie décalée vers la droite pour éviter que les binômes se retrouvent l’un au-dessus de l’autre. Cependant, les conditions météorologiques, avec un vent trop fort, ont rendu ce choix impossible, nous obligeant à nous adapter. Il a été essentiel de bien nettoyer chaque longueur avant de passer à la précédente afin de limiter les risques de chute de pierres. Le deuxième jour, un incident est survenu : un stagiaire en grimpant a cassé une prise d’un volume d’environ 25 cm³, qui a atteint un autre stagiaire en dessous. Heureusement, les conséquences se sont limitées à un casque endommagé, sans blessure. Cet événement a renforcé la prise de conscience chez les stagiaires quant à la dangerosité de l’équipement d’une grande voie d’escalade. Cette situation illustre également les enjeux liés aux collectives engagées simultanément dans une même voie. Elle souligne la nécessité d’une vigilance constante, rappelant d’autres contextes à risques, tels que la présence de cordées à la queue Leleu lors de l’ascension de cascades de glace à Cogne.

4. Stage de sensibilisation plutôt que de formation
Le temps imparti de trois journées ne permet pas d’aborder toutes les facettes de l’activité d’équipeur de voies. La fédération exigeait la présentation des techniques de scellement humide, mais il faudrait au minimum cinq journées pour acquérir suffisamment de pratique pour poser des amarrages en toute autonomie. De nombreux aspects n’ont donc pas été abordés, comme le choix de l’utilisation de tel type de matériel, les différentes types de corrosion, l’assemblage de métaux différents, l’importance du nettoyage de la poussière de perçage, la responsabilité des équipeurs, l’entretien des chemins d’accès… Pour les stagiaires souhaitant approfondir ces connaissances, je les ai renvoyés entre autres aux cahiers d’Olivier Gola pour le volet technique. Olivier m’avait bien aider lors la réouverture des sites locaux. Merci à lui pour sa disponibilité et pour son travail titanesque et précieux.

Cahiers d’Olivier Gola

L’objectif de ce stage n’était donc pas de former de nouveaux équipeurs, mais de sensibiliser, d’éveiller la curiosité et de donner envie aux grimpeurs de s’intéresser à l’équipement.

5. Purge
Le Silence est d’Or se déroule sur un magnifique calcaire urgonien, au rocher fin et compact. Comme souvent, certaines zones ont nécessité un nettoyage conséquent : relais envahis de cades, trois gros blocs instables dans L1, départ de L3 encombré et dièdre suivant tapissé de végétation… En tout, deux journées complètes ont été nécessaires pour nettoyer l’itinéraire. Une durée raisonnable comparée aux 55 jours de travail qu’avait exigés le nettoyage titanesque de Bim Bam Boum à Presles. La purge est sans doute l’aspect le plus sensible et le plus laborieux de l’équipement d’une voie d’escalade. Elle exige méthode, force physique, sens du risque et gros charbonnages proches de ceux du BTP. Découvrir un nouvel itinéraire et poser des points reste la partie ludique. Purger, c’est l’envers du décor, ingrat mais vital.

Dans L1, deux stagiaires ont rencontré un rocher verrouillé par une écaille. Après l’avoir sondé et jugé douteux, ils ont choisi à juste titre de l’éliminer. L’écaille retenant le bloc s’est alors fissurée. Nous avons décider de finir de la faire céder. Décision anodine en apparence. La règle s’impose d’elle-même : si un doute, pas de doute.

Février 2020 sur cette même falaise de Vingrau, un bloc s’arrache, frappe un ami. Il perdra un bras… et, avec ce bloc, une part de lui-même qu’il ne retrouvera jamais. Ce jour-là reste gravé indéfiniment dans ma mémoire.

Toujours dans L1, plus haut, hors de la ligne, un stagiaire a purgé sans effort un bloc de deux mètres cubes, dont la chute naturelle aurait pu avoir des conséquences sérieuses. Idem, au niveau de la traversée oblique à gauche sur la grosse écaille, celle-ci a également été sécurisée. À sa sortie, un bloc haut de 70 cm est venu à la main main, preuve qu’il était prêt à tomber et qu’il valait mieux le décrocher avant qu’un répétiteur ne le découvre à ses dépens. Une vie certainement sauvée…

C’est là le lot de tout équipement sportif sérieux : anticiper, nettoyer, sécuriser de longues heures… pour que la voie, une fois ouverte, soit à la fois belle, exigeante et la plus sûre possible dans un milieu qui, lui, ne le sera jamais totalement.

Schéma

6. Entretien des chemins et des voies d’escalade
À Vingrau, falaise un temps délaissée, le renouveau est palpable, mais il rappelle combien l’entretien régulier est essentiel. Lorsqu’une voie n’est plus parcourue, la végétation reprend rapidement ses droits et les pierres instables se multiplient, compromettant la sécurité et la qualité de l’escalade. Cela souligne le rôle des grimpeurs en tant qu’acteurs responsables : débroussaillage des chemins, nettoyage des voies et vigilance face aux pierres instables sont indispensables pour maintenir le site praticable. Autrefois, cet engagement faisait partie de la culture montagnarde et de l’esprit collectif des grimpeurs. Les nouvelles générations, en revanche, n’en ont pas toujours conscience. La question se pose donc naturellement : comment transmettre et sensibiliser les jeunes grimpeurs à cette responsabilité, afin que le respect et l’entretien des voies deviennent une pratique partagée et durable ?

7. Accueil exceptionnel de la mairie de Vingrau
Dès la préparation du stage, les élus de la commune se sont montrés particulièrement enthousiastes. Ils ont généreusement mis à disposition un gîte communal pour accueillir les stagiaires, et ce, gratuitement. La veille du stage, lors de la récupération des clés, nous avons été accueillis de manière chaleureuse et conviviale sur la place où le marché hebdomadaire animait la place. Un grand merci à Astrid, Rocio, Suzanne, André, René, Philippe pour leur disponibilité, leur gentillesse et leur accompagnement attentif. Superbes anecdotes sur la grimpe, la fête de l’escalade, la venue de Lynn Hill, Robin Esberfield et Patrick Edlinger, sur la guerre des pierres… contées lors de cette soirée, le tout accompagné d’une dégustation de crus locaux. Cet accueil exemplaire a grandement contribué à créer un climat positif et motivant pour l’ensemble du stage.

8. Synthèses
Compte tenu de la densité et de l’exigence des journées, il apparaît que ce type de stage gagnerait à être restreint à deux stagiaires afin de garantir un encadrement optimal et de maximiser l’efficacité sur le terrain. Je désirais également faire des recueils d’entretien avec les acteurs gravitant autour de l’escalade : commune Vingrau (Philippe Camps, René Bergeron), volet écologique (PNR Rémi, ornithos Yves), volet historique du site (Robin Agelat, Michel Assaillit, …), volet juridique (FFCAM Bénédicte Cazanave), volet étatique (Laurent Satabin Jeunesse et Sports), volet secouristes (CRS Perpignan Simon, GRIMP), volet touristique/économie locale (OT Mickaëla, hébergeurs/restaurateurs Nathalie(s), Loïc, Séverine, Fred), volet pratiquants (club), volet témoignage accident (Jean-Marie Prat), volet CDESI (Noémie Olive)… Trop chronophage, aspiration peut-être remise à plus tard. Les trois journées du stage ont été intenses et exigeantes, alliant effort physique, concentration technique et adaptation aux conditions parfois difficiles. Malgré la fatigue accumulée, l’enthousiasme et l’engagement du groupe n’ont jamais faibli : chaque participant a su donner le meilleur de lui-même, avec rigueur et motivation, du début à la fin. Au-delà de l’aspect technique, ces journées ont été riches en échanges, en convivialité et en complicité. Les moments passés ensemble, sur la paroi comme autour des soirées animées par des anecdotes de grimpe, ont créé une atmosphère stimulante.

Ce stage a permis non seulement de sensibiliser les participants aux techniques d’équipement, mais aussi de vivre pleinement l’esprit de la grande voie, mêlant exigence et plaisir. En prime, il a laissé sur le terrain une belle voie d’escalade qui, dès le lendemain, a pu être appréciée en tant que nouvelle future classique, offrant ainsi une satisfaction durable et des souvenirs mémorables pour chacun.

9. Perspectives
Ce stage met en lumière un constat récurrent : le travail des équipeurs/ouvreurs demeure largement méconnu, alors même qu’il constitue la base indispensable de notre pratique. Les voies ne naissent pas toutes seules. Elles sont le fruit de nombreuses heures de repérage, de nettoyage, d’équipement, souvent effectuées dans des conditions physiques exigeantes et avec un engagement personnel fort.
Pourtant, les volontaires prêts à s’investir restent rares. La critique est facile, l’art est difficile : il est toujours plus aisé de commenter une ligne que de l’imaginer, l’ouvrir et la sécuriser. Cette réalité appelle à plus de compréhension et de reconnaissance envers ceux qui s’y consacrent. L’un des enjeux à venir sera donc de transformer le regard des grimpeurs : passer d’une posture de consommateur à celle d’acteur de leur terrain de jeu. Cela peut commencer par de simples gestes : dégager un sentier d’accès encombré, purger un bloc instable, ramasser des déchets, signaler un équipement endommagé, participer ponctuellement à des journées collectives d’entretien… Ces actions, modestes en apparence, sont essentielles pour préserver la sécurité et la praticabilité des sites. Elles contribuent à perpétuer une culture de responsabilité partagée, un héritage de l’esprit montagnard d’autrefois, où chaque grimpeur savait qu’il avait un rôle à jouer dans sa pratique.

La pratique de l’escalade et la perception de l’équipement sont aussi variées que les grimpeurs eux-mêmes. Ces débats animent souvent nos soirées d’après-grimpe. La quantité et la qualité de l’équipement peuvent varier considérablement d’une voie à l’autre, et l’engagement d’un itinéraire reste une notion éminemment subjective. Cette diversité, parfois déroutante, constitue pourtant l’une des grandes richesses de notre activité. Il existe des voies exigeantes dont le parcours se mérite, où la veille nous dormons moins bien. Et d’autres plus sécurisées, accessibles à un plus large public. Souhaitons que cette pluralité de styles perdure, car elle reflète la créativité et la sensibilité de notre pratique. L’escalade ne devrait pas se réduire à sucer des Spits. Les falaises de Vingrau ne font pas l’objet d’un contrôle ni d’un entretien systématique. Ici, vous évoluez dans un milieu naturel unique, qui impose le respect de règles implicites mais essentielles : prudence, observation, préparation et humilité. L’avenir de nos falaises dépendra en grande partie de notre capacité à transmettre cette culture aux nouvelles générations. Des initiatives telles que ce stage y contribuent. C’est ainsi que pourra s’ancrer une pratique durable, respectueuse des sites et porteuse de valeurs collectives. Mais chut ! Le silence est d’or !

Tableau dans la salle du conseil de Vingrau

Trouver Charlie

Je prends quoi ?

ancienne lunule dans L1

Dans Le silence est d’or

Les fameux demi poulets et grillades de Lorenzo

Une partie des reliques glanées ici et là sur Vingrau

relais Yosémite

Le topo de la voie

Film du stage à venir

Parcours de la voie à venir

Escalade verbale

Faut-il euthanasier les équipeurs de falaises ? 😂🧨

Responsabilité de l’équipeur, lamentable !

Grimpogone

L’Antre

Avec Claude, Jean-François et François.

Ce lundi, la température a bien baissé. Le ciel au-dessus de Caudiès de Fenouillet était limpide, presque trop calme en contraste avec ce qui nous attendait sous terre. Avec Jean-François et Claude, nous avions rendez-vous avec L’Antre, cette cavité à la fois rude, sportive et fascinante.

Découverte le 26 décembre 2002 par Sylvette et Bernard Ournier, L’Antre n’a jamais cessé de nous surprendre. Quatre-vingt-quatorze sorties ont été nécessaires pour en appréhender les secrets, et pourtant, nous savons qu’elle n’a pas livré tout ce qu’elle cache. Avec ses deux entrées, elle joue de ses complexités. Cette fois, nous avons choisi de passer par l’entrée sud, un soutirage raide qui nous a conduits à un plan incliné abrupt, jusqu’à une lucarne latérale débouchant sur un puits.

Ce puits, c’est en réalité la partie inférieure du P32 de l’entrée surnommée « Quarante ». Nous connaissons bien cette configuration maintenant : un réseau méandriforme, qui s’étire en trois temps. Le premier tiers se laisse descendre sans trop de peine, un passage presque accueillant si on oublie l’humidité et l’étroitesse des parois. Puis, le ton change. La deuxième portion se resserre, nous emmenant à travers la capsule Apollo, le puits du Pélodyte, et l’inévitable Moins ça va, plus ça va, nommé avec un humour qui ne masque pas vraiment les difficultés qu’on y affronte. Enfin, la veine s’élargit à nouveau. Le dernier tiers nous accorde un peu de répit, de l’espace pour respirer, penser, parler. La cavité atteint ici une profondeur totale de 226 mètres, et c’est là que commence vraiment notre objectif du jour.

Depuis quelque temps, l’obsession de Jef est claire , établir une jonction avec le gros réseau situé dessous : le Cthulhu, au niveau de la zone dite Entrée interdite. Une connexion qui changerait la compréhension du massif, et qui pourrait ouvrir sur de nouveaux développements majeurs. Mais l’obstacle est de taille : d’après les dernières données que nous avons pu obtenir, il resterait environ 150 mètres à parcourir, avec 15 mètres de dénivelé entre notre position et la cible. Espérons déboucher sur une nouvelle galerie.

Après des heures à batailler avec la roche, 5 tirs et treize pailles plus tard, nous avons réussi à désobstruer un mètre de plus. Un mètre. C’est peu, mais c’est un pas. Avec les 3 mètres déjà dégagés, nous n’en avons plus « que » 146 devant nous. C’est énorme, mais c’est tangible. MDR !

En ressortant de la cavité, un peu plus de dix heures plus tard, les vêtements trempés et les muscles tirés, une idée nous trottait dans la tête : vivement qu’on trouve une galerie. Car quelque part, là-dessous, on le sent, une suite nous attend. Il suffit de creuser encore, de revenir encore (dans un an et demi pour se remotiver). Et un jour, L’Antre finira par nous répondre.

On aurait pu appeler la sortie Pour un mètre de plus, pour un mètre de moins ou Plus que 146 mètres. Ca dépend si tu es optimiste ou pessimiste. L’exploration en spéléo est l’exploitation de l’homme par l’homme; la désob, c’est le contraire !

Magnifique virée avec Claude et Jef. Mille mercis.